L’Office National des Forêts a programmé les coupes parcelle par parcelle pour les quinze années à venir. Depuis le 1er Mars les bûcherons sont à l’ouvrage. Pour s’en persuader il suffit d’aller faire son jogging jusqu’au bout du sentier sportif. Le Maire de Rueil a tout accepté sous deux conditions : respecter les avantages acquis par les automobilistes et les crapauds, les uns pour traverser le bois et les autres pour traverser la route sans se faire écraser. On trouvera ci-après, photos à l’appui, un solide argumentaire pour la défense de notre petit bois. Le sujet est sensible : déjà trois articles dans Rueil-info. Laisserons-nous faire ?
Sur la gestion de l’ONF à ST Cucufa
Argumentaire
Eclaircir ou régénérer ?
Les ingénieurs de l’ONF parlent de « Coupe d’éclaircissement ou de régénération ». Dans le premier cas, on sélectionne les meilleurs sujets et on éclaircit tout autour. Cette méthode a fait ses preuves depuis longtemps. Dans le deuxième, on coupe tout dans l’espoir de « régénérer » la parcelle. L’ONF a déjà pratiqué ce remède de cheval dans cette forêt en 1972. Les deux photos ci-desous, prises à 38 ans de distance au même endroit sont aussi consternantes l’une que l’autre. Certes le mot « régénération » fait penser au « développement durable », mais c’est un leurre. Dans le métier de forestier on parle tout crument de « coupe rase ». On en conviendra, le spectacle et le résultat sont navrants.
En 2010 coupe définitive pour six parcelles, la 12, 14, 25, 27, 32 et 37
Il s’agit d’abattre tous les chênes qu’on avait laissés sur pied dans le plan de gestion précédent pour ensemencer la parcelle ; ainsi elle sera « régénérée » avec des baliveaux tout neufs. Depuis début Mars, en quelques semaines, les chênes des parcelles 12, 25 et 32 ont été abattus, les grumes ont été aussitôt enlevées, d’ailleurs dans de bonnes conditions, le terrain étant bien sec. Il reste des souches qui présentent une belle coupe rouge-feu, parfaitement saine, d’un diamètre pouvant aller jusqu’à 1,10 mètre. A qui voudra-t-on faire croire que ces chênes étaient malades ou vieux ? Les chênes sont le symbole même de la longévité. Sans parler des records homologués (800 ou 1000 ans !), un chêne « normal » peut atteindre 300 et 500 ans. On est loin du compte ! Mais le marché international des grumes exerce une formidable pression sur les acteurs forestiers. Bientôt ce sera le tour de la parcelle 37 (chemin de Villeneuve, alias de Vaucresson), une parcelle très prometteuse.
Un bois ou une forêt ?
Traditionnellement les Rueillois parlent du « Bois de Saint-Cucufa », l’Administration l’a rebaptisé « Forêt domaniale de la Malmaison ». Mais un petit bois derrière chez nous comme dit la chanson, ne se gère pas comme une forêt. Faut-il rappeler que ces 200 hectares de bois sont très fréquentés par les quelques 126.000 habitants des quatre communes limitrophes. Ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. L’ONF et nos élus doivent veiller à ce que la fonction sociale de « cette forêt domaniale » soit pleinement assurée conformément aux dispositions du Code forestier (Art L1 et L3). Les branches coupées et les baliveaux écrasés par l’abattage des arbres sont désormais soigneusement couchés tout autour des nouvelles souches comme pour en défendre l’accès à des promeneurs trop curieux et trop critiques. Certes, le piétinement peut détruire les petites plantes du sous-bois, mais pas les arbres. Le piéton n’est pas l’ennemi, le bois de St Cucufa lui est dédié.
Une réunion publique ?
Rueil infos de décembre 2009 fait état d’une réunion de concertation entre toutes les personnes concernées par le nouveau plan de gestion de la forêt de St Cucufa pour les quinze années à venir. L’ONF y a déployé son plan devant les représentants des quatre municipalités limitrophes, devant ceux de l’Environnement, du Conseil général et de conseils de village riverains. Cette réunion s’est tenue le 13 novembre 2009 dans la salle des mariages de Rueil devant un public sélect. Rueil infos avait omis d’annoncer cette « réunion publique ». Dommage, dans la salle des mariages il y avait encore des fauteuils vides (voir la photo dans Rueil infos d’avril 2010, page 29). Beaucoup de Rueillois auraient aimé poser des questions aux représentant de l’ONF sur sa gestion passée et à venir.
Une concertation qui ne change rien
Cette réunion du 13 novembre 2009 s’est terminée par un consensus général : « statu quo » ! La route de Versailles reste ouverte à la circulation sauf aux jours de transhumance des crapauds, week-end et divers. « Le nouveau plan de gestion » présenté par l’ONF n’a apparemment soulevé aucune objection. Les grumes sont vendues. Elles étaient les joyaux de la couronne. La messe est dite. A moins que …
A consulter :
1. Rueil infos, mars 2008, page 21, la tribune de l’opposition.
2. décembre 2009, pages 7 et 19, « Une forêt en devenir ».
3. avril 2010, page 29, « L’arbre qui cache la forêt ».
4. mai 2010, page 11, « Un conseil associé au devenir de la forêt ».
5. Rueil demain, avril-mai 1973, « L’enclos de plantation ».
6. Les affiches de l’ONF sur les panneaux dans le bois de St Cucufa.
7. On trouvera sur le site contestataire INFORET trois plans réalisés par l’ONF pour le bois de St Cucufa avec indication des numéros de parcelle et de l’année de coupe pour les périodes de 2010 à 2014, 2015 à 2019, 2020 à 2024 (cliquer sur l’icône pour la développer) : http://www.inforet.org/article.php3?id_article=98 .
8. Sans oublier l’argument in situ et de visu pour les joggeurs.
Coupe-rase, plantation et taillis à St Cucufa
Photo des parcelles 12 et 13, parue dans Rueil-demain en avril 1973 à partir de la route de la Côte grise à St Cucufa |
Photo de la parcelle 12 en 2008, 38 ans après. |
Photo de la parcelle 12 en 2008, 38 ans après.
Ce que vous révélez dans votre blog était inévitable et découle d’un plan de gestion aberrant auquel nous ne voulons pas être associés.
Nous vous avions demandé, le14 novembre 2009 dans un mail à M. Bertrand Rocheron, de bien vouloir signaler notre contestation dans la tribune de l’opposition de Rueil-Infos.
A ce mail nous avions joint la lettre envoyée à M. Olivier James directeur de l’Agence ONF de Versailles et responsable de ce plan d’aménagement 2010/2024, lettre dans laquelle nous refusions cette
gestion acceptée par les maires des communes riveraines dont M. Patrick Ollier.
Ce que nous avons pu voir en mai, n’est hélas que le début du saccage.
Nous vous rappelons donc notre demande et nous restons persuadés qu’il serait bon que vous réserviez une place au bois de Saint Cucufa dans un prochain Rueil Infos pour que les Rueillois n’aient
pas que l’avis rassurant de notre Député-Maire qui nous refuse tout droit de réponse dans son bulletin municipal.
Vous trouverez tous les renseignements qui pourraient vous être utiles dans Inforet dont nous vous remercions d’avoir communiqué l’adresse dans votre blog.
Pour les Amis du Bois de Saint Cucufa,
Roland Cadin, Président.
Daniel Gutzwiller, Vice-Président
Enfin, des responsables politiques se penchent sur notre Bois !
Les Amis du Bois de Saint Cucufa (ABSC) se sont sentis bien seuls face à la détermination sylvicide de l’ONF et la complaisance des représentants des municipalités riveraines.
A l’issue de la « concertation » ONF / Municipalités / Associations, une version définitive du plan d’Aménagement a été semble-t-il entérinée, et a été – sans délais – mise en application avec les
dégâts que l’on sait …
Nous avons demandé à l’ONF ainsi qu’au CG 92, en la personne de son Président, une confirmation de la validation « officielle » de ce plan, mais notre courrier est resté lettre morte.
Votre positionnement sur l’échiquier politique local vous permettra peut-être de nous apporter une réponse à ce mystère …
Merci pour votre concours !
Tout d’abord merci d’avoir ouvert cette fenêtre sur notre bois.
Vous auriez pu mettre le lien du site http://www.inforet.org/ qui permettra d’avoir un point de vue plus complet et plus indépendant sur l’exploitation de ce bois, des réunions « bidons » qui ont eu
lieu, et pour finir, de la censure dont les défenseurs du bois sont victimes de la part des élus locaux et de l’ONF (Panneaux d’affichage reservées aux associations interdits et droit de reponse
aux articles parus dans le Reuil Infos impossibles…).
Car ce qui se passe dans ce petit bois (et par extension, dans toutes les forêts de la région parisienne) est scandaleux. Peut-être les premiers effets visibles de la relance de la filière bois
chère à M. Sarkozy? N’oublions pas que l’ONF est avant tout une société d’exploitation des forêts et qu’elle est tenu de dégager des benéfices…
En espérant que votre groupe ne restera pas insensible à ce vol légalisé.
Nous sommes un certain nombre à ne pas l’accepter.
Cordialement.
Je me permet de vous adresser une copie de la lettre que j’avais adressé au mois de mars au Maire de Reuil, suite aux premières grosses coupes et pour laquelle je n’ai eu que pour toute réponse, un
silence– révélateur de l’indifférence du Maire à ce sujet?
Monsieur le Maire,
Je viens par la présente et en tant que contribuable, puisque cette
forêt nous appartient à tous paraît-il, vous faire part de mon
indignation devant l’exploitation intensive (ou futaie régulière en
langage de sylviculture) du bois de Saint-Cucufa, car peut-on encore
l’appeler « Forêt Domaniale de la Malmaison »? J’en doute, vu le
changement d’aspect qu’a pris ce bois au cours de ces 20 dernières
années… Il ressemble de moins en moins à une forêt et de plus en plus
à une pépinière. Et le dernier article paru dans le Parisien ne vient
que confirmer la mauvaise foi de l’ONF et ses arguments vaseux. Quand
M. James évoque les sols trop pauvres de la forêt pour y pratiquer une
exploitation modérée (futaie irrégulière en sylviculture), est-il
sérieux? Oublie-t-il qu’une partie de la forêt dont celle entourant
l’étang y est exploitée par cette technique. Il est vrai que nombre
de promeneurs se limitent à cette partie du Val qui va devenir
symboliquement « l’arbre qui cache la forêt », une belle vitrine pour
cacher la misère en quelque sorte. Mais il est vrai que les
spécialistes ont toujours raison, l’actualité le confirme chaque jour
surtout pour ce qui est de l’environnement. Quand au beau discours du
« Grenelle de l’environnement » que proclame par vives déclarations vos
collègues, je constate qu’ici, à a peine 15km de l’assemblée, ces
belles intentions en sont réduites à un concept dérisoire et
illusoire dans les faits et dans notre vie quotidienne. Quid de la
biodiversité chère à nos élus? Ici les écureuils ont pratiquement
disparus, il n’y a plus de champignons tant les sols ont été labourés
et sont encombrés de souches et divers restes de coupes précédentes et
je ne parle même pas de ce groupe de chevreuils terrorisés qui n’a
plus de lieu où la végétation soit assez dense pour se cacher et est
contraint de se réfugier dans la partie privée du lycée qui jouxte le
bois…
Alors comme semble croire M. James (ou fait semblant de le croire),
si être pour l’entretien de la forêt par des coupes pondérées et non
pour son exploitation c’est être un écolo égoiste… alors je le suis.
A ce sujet, combien vaut un chêne de 150 ans? La journaliste n’a pas
cru bon de poser la question, dommage.
Je ne me fais guère d’illusion sur la suite de ces opérations dans les
années à venir et je n’arrive pas à faire croire à mon fils que c’est
pour ses enfants que l’on opère ces coupes démesurées, rien ne sert de
cacher la vérité aux enfants paraît-il, mais je me sens en partie
responsable de ce que nous lui laisserons. Il pourra toujours raconter
à ses enfants qu’il y a bien longtemps dans cette forêt, il y avait
beaucoup de champignons, des écureuils… et même de très vieux arbres!
Je vous prie d‘agréer, Monsieur, mes respectueuses salutations.
Pierre Boulesteix, un écolo égoïste