Suite aux élections cantonales, il apparaît essentiel de dégager quelques enseignements politiques d’un scrutin qui ne s’apparente pas seulement à une série de votes locaux. Le contexte national pèse bien sûr sur la désignation des Conseillers généraux, élus sur des circonscriptions locales pour siéger dans les départements.
LE CONTEXTE NATIONAL.
Une abstention massive
Première constatation, le scrutin cantonal n’a guère suscité l’enthousiasme des électeurs.
Seulement 44,43 % des électeurs se sont déplacés pour aller voter, ce qui représente un taux historiquement bas.
Le taux d’abstention (55,6 %) est supérieur à celui des régionales de 2010 (53,6 %). La désaffection est manifeste en Ile de France, notamment en Seine-Saint-Denis (67,30 %).
Les facteurs pouvant expliquer ce pic (manque de lisibilité du scrutin, actualité internationale…) sont nombreux, mais la tendance est lourde et ce recul de la citoyenneté n’est pas une bonne nouvelle. Quel devenir pour une République où seule une minorité se sent concernée par les choix politiques ?
Un perdant : l’UMP
Au soir du premier tour, l’UMP a enregistré seulement 19,30 % des voix ; en ajoutant les voix du Nouveau Centre et des candidats Divers Droite, le total des voix de la droite monte à 31,77 %. En 2004, sur les mêmes cantons, la droite totalisait 37,10 % des suffrages.
Un vainqueur : le Front national.
Le FN a enregistré à l’occasion de ces cantonales le meilleur score de son histoire dans un scrutin national. Il a totalisé 15,56 % des suffrages au 1er tour, et surtout une moyenne de 19,18 % dans les 1 440 cantons où il était présent.
Le Front républicain (mis en œuvre par la gauche et non l’UMP) a fortement limité le nombre de conseillers généraux FN à l’issue du second tour.
Progression de la gauche plus que du PS
La gauche et les écologistes progressent en totalisant 48,71 % des voix, contre 45,39 % en 2004 sur les mêmes cantons.
Toutefois il est important de noter que dans ce contexte, le PS perd un point par rapport à 2004.
Au terme du second tour, le solde socialiste n’est positif que d’un seul département en métropole (perte du Val d’Oise contre gain du Jura et des Pyrénées-Atlantiques).
Les principaux bénéficiaires de la poussée de la gauche sont donc les alliés du PS, en particulier Europe Écologie les Verts (EELV) dont le score double par rapport à 2004 (de 4,08 % à 8,42 %), confirmant la montée en puissance constatée ces dernières années.
LES HAUTS-DE-SEINE.
A l’issue des élections, le rapport de force droite/gauche dans les Hauts-de-Seine évolue légèrement en faveur de la gauche. Sur 45 conseillers généraux (dont 24 faisaient l’objet d’un renouvellement) désormais 16 sont à gauche (contre 15 avant le scrutin).
En plus des 8 élus communistes et de l’élu écologiste, nous pouvons compter sur 7 conseillers généraux socialistes (+1).
Si le PS 92 perd un canton à Châtenay-Malabry (et notre présidente de groupe Michèle Canet), il emporte deux nouveaux cantons à Asnières (une confirmation après le basculement des dernières municipales) et Courbevoie sud.
Par ailleurs, deux cantons sont demeurés à droite pour une poignée de voix : Levallois-Perret/Clichy et Bourg-la-Reine (où Patrick Devedjian s’impose et sauve sa place de Président du Conseil général).
Si nous aurions pu espérer davantage de cantons, la gauche continue à progresser à chaque scrutin dans le 92, qui s’apparente aujourd’hui pour nous davantage à une terre de conquêtes que de mission.
A droite, l’UMP est mise en difficulté par des candidats sans étiquette, ou s’affichant divers droite (Sceaux, Neuilly, Levallois, Rueil-Malmaison,…).
LE CANTON DE RUEIL-MALMAISON.
– Sur le canton de Rueil, nous avons pu noter une abstention massive, supérieure à la moyenne nationale (seulement 39,7 % de votants). Ce niveau de participation doit inciter à une certaine modestie dans l’analyse.
– Le rapport droite/gauche sur la ville évolue favorablement (39 % pour les candidats de gauche contre 36,5 % sur le même canton en 1998 et 2004). Cela constituait un premier enjeu fort pour nous. Cette progression n’est pas spectaculaire, mais très intéressante. Concernant une élection locale, ce rapport de forces est le plus favorable observé depuis très longtemps (seul le second tour des régionales de l’an passé est meilleur -45/55 – mais n’étaient pas en jeu des candidatures locales).
– Le candidat UMP soutenu par la municipalité réalise un score historiquement bas (28 %).
– Au sein de la gauche, nous retrouvons un leadership incontestable (près de 19% à comparer aux 11,2 % des écologistes). Nous réalisons des scores élevés dans les bureaux 19 (Trianons), 24 et 26 (Bons raisins), 30 et 31 (Robespierre), 36 (La Fontaine), honorables au bureau 21 (Claude Monet).
Cela valide notre stratégie qui a consisté à mettre l’accent sur Rueil sur Seine et le Plateau où nous avancions des propositions fortes (urbanisme et transports).
– En revanche, nous n’avons pas été présents au second tour, et deux candidats de droite (Caron le sortant et Gabriel soutenu par l’UMP) se sont affrontés.
C’est une déception, même relative car nous savions que notre présence tenait largement à la répartition des voix à droite. Les deux candidats se tenant en termes de scores (21 et 28 %), cela ne nous a pas favorisés.
Surtout, alors que la gauche progresse, et la droite est entamée par le score élevé du FN, ce second tour anachronique fut regrettable.
Une évidence : cette situation a été induite par les divisions à gauche (seulement 2,5% des voix nous manquent pour être au second tour).
Très tôt, j’ai regretté cet état de fait en envisageant le scénario que nous avons connu.
J’ai en particulier tout fait au niveau départemental pour obtenir un accord isolé sur Rueil avec les écologistes (EELV), même en absence d’accord sur les autres cantons des Hauts-de-Seine. Soutenu par le Premier secrétaire fédéral (Pascal Buchet), je me suis heurté à l’intransigeance de nos partenaires.
Nous avions pourtant largement les moyens d’être en tête à l’issue du premier tour, et d’aborder le second dans une position intéressante…
JC Caron l’emporte largement au deuxième tour (59 % des voix) alors qu’il devait combler un écart de 7 % par rapport au candidat UMP. Nous avons appelé entre les deux tours à ne pas voter pour le candidat UMP (au regard de son programme et du refus de l’UMP de mettre en place un front républicain pour faire obstacle au FN). Cela ne constituait pas un soutien direct à JC Caron mais a certainement contribué à gonfler son score. De même les électeurs FN se sont certainement plus reconnus dans la candidature d’un ancien RPF que dans celle d’un militant UMP.
Mais regardons vers l’avenir, de nouvelles mobilisations et élections nous attendent dans les mois et années à venir,
En continuant notre travail de fond, nous continuerons à modifier l’équilibre des forces à Rueil-Malmaison.
Je tiens surtout à remercier vivement tous les militants
et sympathisants qui se sont mobilisés dans le cadre de cette campagne. Notre visibilité sur la ville découle d’abord de cette présence sur le terrain. Encore une fois merci à tous !
Par Bertrand ROCHERON, président du Groupe « Ensemble Changeons Rueil »
06 61 71 47 51 – rocheron@voila.fr
Article du bulletin « Ensemble » des socialistes de Rueil-Malmaison