Le sort des aciéries de Florange et le traitement de ce dossier par le gouvernement sont dans tous les journaux. Lassés sans doute de la guerre Copé-Fillion, les journalistes se retournent vers l’affaire Florange et reprennent le gouvernement/Ayrault /Hollande bashing. Le dossier est complexe et les décisions du gouvernement ne méritent aucunement les critiques qui lui sont faites.
L’acier, moteur d’une économie émergente
Le charbon et le minerai de fer, dans l’Est et dans le Nord, ont permis il y a de nombreuses années le développement d’une production importante d’acier, nécessaire aux usines automobiles, aux chantiers navals et à de nombreuses autres industries. Cette industrie fut florissante en particulier en Lorraine jusque dans les années 70. Puis apparurent les aciéries « pied dans l’eau » car le minerai – et l’énergie – importés coûtaient moins chers que le minerai de fer et le charbon extraits dans des conditions difficiles du sous sol lorrain.
Les premières « restructurations »
Dès les années 70 la filière est en difficulté. Le premier, Valery Giscard d’Estaing prendra le contrôle de Sacilor et supprimera 22 000 emplois. Malgré la nationalisation décidée sous Mitterrand, les réductions d’effectifs continueront
Le rachat par Mittal de plusieurs usines sidérurgiques en France lui permet de contrôler une part importante de l’acier produit en France et encore 20 000 salariés.
Florange
La situation du site de Florange est connue. Les hauts fourneaux, ces grandes tours ou la fonte liquide est produite à haute température, fonctionnent toujours mais ne produisent plus d’acier. Leur maintien en état, voulu et c’est compréhensible par les ouvriers de Florange, nécessite une quantité importante d’énergie et donc un coût (quelques millions d’euros par mois) … et des émissions de CO2. Mais rien ne sort des hauts fourneaux : la crise à réduit la demande d’acier (les chantiers navals en France sont réduits au chantier de Saint Nazaire qui manque cruellement de commandes – l’industrie automobile est en crise et délocalise). En revanche fonctionnent les ateliers de laminage
Devant cette situation le gouvernement a imaginé un moment nationaliser Florange. Cela supposait de trouver un repreneur et d’investir l’argent de l’état. Arnaud Montebourg s’est fait le champion de dette solution.
Après de longs débats cette solution a été – provisoirement – abandonnée. L’accord signé avec Mittal prévoit des investissements modestes et la poursuite de l’exploitation du site. Les hauts fourneaux sont maintenus en activité car ils pourraient être choisis par l’Union Européenne qui financerait des expériences de capture et de stockage du CO2, ouvrant la voie à une production d’acier propre (sans émissions de CO2).
Conclusions ?
Certes les hauts fourneaux n’ont pas redémarré. Mais plus de 600 emplois ont été sauvés, sans mise de fonds de la puissance publique. Connaissant les difficultés économiques du pays où les caisses ont été lissées vides par les gouvernements précédents, ce n’est pas si mal
Certes personne n’a une confiance absolue en M. Mittal. C’est un amateur de la formule : les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Il est vrai qu’il a été à bonne école. Les leaders d’industrie occidentaux lui donnent des leçons depuis des dizaines d’années.
Et enfin, rien n’empêche que la nationalisation devienne nécessaire et se fasse si les promesses ne sont pas tenues.