Étrange campagne ! Après l’élan du premier tour des élections du 15 mars elle s’est arrêtée nette le 16 mars. Ce fut une belle campagne et brutalement en quelques jours les enjeux, la situation sanitaire, sociale et politique a complétement changé ! Quel retournement !
Avec le rassemblement de toute la gauche, tous les espoirs de victoire étaient permis et les premières réunions étaient euphoriques. Un peu boy scout avec beaucoup de bonne volonté ! . Pour moi, c’était, avec le PCF, la possibilité d’une ouverture vers d’autres populations moins bourgeoises (CSP+) que celles du PS.
De manière surprenante (toujours selon moi) l’homogénéité sociale de l’UCES s’est révélée assez grande. Blanche essentiellement, ayant un travail en CDI et souvent fonctionnaire, cultivée et engagée à gauche, une certaine idée de la gauche. J’imaginais qu’il serait possible de travailler sur des sujets comme le chômage et j’avais invité des personnes en chômage dans un groupe travail. Elles sont venues une seule fois et ne sont pas revenues car l’écart est trop grand entre des personnes qui n’ont jamais connu le chômage et qui donnent des conseils sans vraiment connaitre la situation quitte à être blessants involontairement !
C’est une des difficultés majeures de la politique de parler pour les autres qu’on ne connait pas. Pensons aux personnes défavorisées qui se cachent et ne veulent pas être des « cassos ». Seuls le CCAS et les associations comme Le Secours Catholique, La Conférence St Vincent, le Secours Populaire approchent les personnes fragiles. Oui, la bonne volonté ne suffit pas.
Le principe des « réunions citoyennes » m’enchantait et me paraissait une formidable formule pour construire le programme. Au début avec plus de 50 personnes présentes je pensais que ce serait un succès. Mais progressivement la belle mécanique s’est grippée et nous n’avons pas évité l’effet « TLM » ( Toujours Les Mêmes), risque évoqué par Jo SPIEGEL.
Une anecdote un peu révélatrice m’a marqué. A ma table lors de la première réunion, je me souviens d’un jeune architecte rueillois assez tonique avec de nombreuses propositions intéressantes, un vrai écolo. Quand il a découvert en cours de réunion aux propos des participants qu’il allait travailler pour une équipe municipale étiquetée de gauche avec le PCF et LFI, il a soudainement éclaté de colère ! Il avait été trompé ! Sa démarche était uniquement écologique. Je ne comprends toujours pas ce qui n’a pas marché avec ces réunions citoyennes !
Le résultat de 21% est décevant. Certes la participation fut faible, la liste surprise Facebook Lazrag avec 7% des voix a capté les voix des jeunes en un mois et uniquement sur Facebook. Pour ma part, j’hésite entre deux explications. La première serait que le programme pencherait trop à gauche, ce qui serait amendable. La seconde serait que la présence du PS, du PCF, de LFI, de Générations serait un repoussoir et ruinerait l’hypothèse de la relative étanchéité entre le niveau local et national.
Et maintenant avec le confinement, les anciennes priorités politiques ne sont plus de mises et sont changées au niveau national comme au niveau local. L’urgence règne à tous les étages.
Certes les gouvernements de Sarkozy et Hollande portent de lourdes responsabilités dans cette crise et en particulier le PS avec les écolos au pouvoir avec Hollande. Pour nos partenaires n’ayant jamais participé à un gouvernement, ils seraient innocents. Mais leurs représentants à l’Assemblée Nationale et au Sénat n’ont rien dit, rien proposé et selon moi, ils sont responsables également. Voici une des principales différences entre partis de gouvernement et partis « radicaux ».
Maintenant, dans une situation floue et largement incompréhensible, l’électeur votera pour un homme capable de faire face aux imprévus. Comment imaginer qu’un quelconque programme électoral puisse prévoir l’imprévu ? Ce besoin de protection devient premier et passe avant tout par la confiance en un homme jugé capable et efficace. La question du programme devient secondaire. La vie politique doit s’adapter à cette incertitude sanitaire qui va planer jusqu’à l’arrivée du vaccin.
Michel Simonnet