Le processus de rapprochement entre le 92 et le 78, engagé depuis 2017, doit permettre une « mutualisation des structures et des services ». Le redécoupage des circonscriptions répond à l’objectif de regrouper l’ensemble des services dans des lieux uniques. Les 36 commune du 92 devront auront donc à leur disposition 13 SST (Services sociaux territoriaux) chargés d’accueillir le public, d’évaluer les situations et éventuellement de mettre en place un accompagnement des accueillis.
Quelle réalité se cache derrière cette formulation ?
- Une fusion des services qui entraîne des suppressions, par exemple, à Rueil, fermeture du Planning familial, service pourtant essentiel sur les quartiers sensibles en particulier où les IVG tendent à remplacer la contraception.
- Un dramatique manque de moyens en personnel : à Rueil, la permanence de l’unité SST est à l’arrêt. Cela signifie qu’il n’y a plus d’accueil social départemental pour les familles rueilloises en difficultés. Elles doivent se déplacer jusqu’à Nanterre et attendre que leurs dossiers soient traités administrativement sans être sûres d’obtenir un accompagnement social. De quoi décourager même les plus obstinées.
- Des professionnels polyvalents qui doivent naviguer sur un océan de dispositifs si nombreux qu’il est impossible de tous les maîtriser, au lieu d’une « logique de métier » où chacun a sa spécialité et connaît à fond les dispositifs adaptés aux situations qu’il doit traiter.
Ces carences et dysfonctionnements, le Département a le devoir et les moyens d’y remédier : le budget 2019 a connu un excédent-record de 664 millions- le budget social qui représente 57 % du total peut donc être augmenté d’autant plus que la solidarité sociale constitue la principale mission du Département. Par ailleurs, le rapport de l’IGAS (Inspection générale des Affaires sociales) a émis un grand nombre de recommandations /préconisations visant à améliorer voire réformer le Pôle Solidarité, et par exemple, les modalités d’hébergement des Jeunes.
Les défaillances de la politique d’hébergement des jeunes mineurs et adultes
Un nombre croissant de jeunes en rupture, rejetés par les structures familiales et sans emploi se retrouvent à la rue. Repérés par des services d’Educateurs spécialisés sous l’égide du Département, ils sont suivis dans le cadre de leur parcours de réinsertion sociale, ce qui suppose, entre autres, de leur trouver un hébergement. Le bouleversement lié à la réorganisation du Pôle Solidarité a un impact sur la question de l’hébergement, car l’accompagnement est fortement déstabilisé par cette réorganisation. De plus, l’offre d’accueil correspond de moins en moins aux besoins du public concerné.
Faute de places en foyer ou en hébergement d’urgence adapté, l’ASE (aide sociale à l’enfance) a recours à des prestataires hôteliers- 600 jeunes concernés en février 2020. Et l’afflux croissant de ces jeunes a amené les services à augmenter le recours à cette solution. L’hébergement hôtelier est principalement assuré par une plateforme de réservation ou par le recours à des hôtels dits « sociaux ». Or il s’avère d’une part, que ce mode d’hébergement se révèle plutôt onéreux et d’autre part, qu’il est très insatisfaisant, compte tenu des conditions d’accueil de médiocre qualité voire carrément inacceptables (état très dégradé) d’un certain nombre de ces établissements. De plus, le contrôle départemental, mal outillé, ne peut pleinement s’exercer sur ces structures. Récemment, le contexte dramatique lié au meurtre d’un jeune au sein d’un hôtel de Suresnes a mis en lumière les problématiques associées à ce type d’hébergement. Enfin il est reconnu que l’accueil en hôtel est le moins propice à la réussite du parcours des jeunes, en particulier du fait qu’ils n’y bénéficient pas d’un encadrement suffisant.
Une mobilisation urgente permettra de mettre en œuvre des solutions alternatives .
- Elargir la palette des réponses possibles grâce à des solutions dans le cadre collectif coordonnant les interventions d’acteurs concernés comme l’Education Nationale, les secteurs associatif et hospitalier.
- Développer les conventions entre Département et hôteliers dans le cadre d’un appel d’offre interdépartemental permettant de sélectionner des structures habilitées à recevoir des jeunes.
- Mettre à disposition de l’ASE un nombre de places conséquent dans des structures existantes, comme le foyer de la rue Trumeau à Rueil.
- Créer des lieux d’hébergement adaptés : un espace réservé à ce type de logement pourrait tout-à-fait trouver sa place dans le quartier de l’Arsenal à Rueil.
- Prévoir des structures pérennes d’hébergement d’urgence, éventuellement en lien avec le milieu associatif sur le modèle de l’Hiver Solidaire à Rueil.
Assurer dans tous les cas un suivi éducatif soutenu par des travailleurs sociaux spécialisés. L’hébergement adapté peut contribuer à la réussite du projet du jeune.
L’hébergement constitue une des multiples problématiques de l’insertion sociale de ce public, et non des moindres. Il doit faire partie des priorités de la politique départementale.