L’environnement : l’arbre qui cache la forêt…de béton
La densification associée à la minéralisation des sols couvre des secteurs entiers déjà saturés en habitat collectif. Le quartier de l’Arsenal en témoigne : un mail de 25 à 30 m de large sur une longueur de 600 m plus quelques ilots de verdure en pied d’immeuble sur 19 hectares construits ne peuvent parvenir à écarter l’impression pesante d’étouffement que le piéton ressent en parcourant ce quartier. Et le béton mord encore davantage sur l’espace avec les nouvelles constructions en chantier en bordure de ZAC, place Jean Bru d’une part et à l’emplacement de l’ancien garage Sauvegrain d’autre part. On retrouve la même impression en arpentant le Bd Richelieu : sa zone d’aération- le jardin public qui se cache derrière l’alignement des immeubles- profitera surtout aux heureux acquéreurs des appartements les plus onéreux « avec vue sur le parc ». Le logement social, lui, sera cantonné côté vue sur la circulation.
La ville se présente comme la championne de la défense environnementale. Il y a pourtant de quoi s’interroger.
Quant aux espaces verts dont la Ville est si fière, ils n’échappent pas au grignotage. Le Vertbois en offre une belle illustration : une partie du terrain a servi à la construction d’une demi-douzaine de villas. L’acquisition d’espaces verts n’est donc pas forcément synonyme de protection des lieux.
Le logement social : les plus modestes exclus
La densification sert-elle la mixité sociale et générationnelle ? Le public relevant du logement socialen bénéficie-t-il ?
Les mécanismes de sélection excluent les populations modestes et pauvres du logement social. Un comble ! D’abord parce que le loyer moyen a augmenté de près de 10% en moins de 5 ans, s’ajoutant à un niveau de charges disproportionné. Ensuite parce que la composition du parc social est très nettement en faveur du PLS (tarif locatif : 12 à 17 euros/m2) en particulier dans les constructions neuves, au détriment du PLAI (6 à 7 euros/m2) seul accessible aux ménages modestes, alors que 60% des candidats au logement social en relèvent. Au niveau du département, ne sont satisfaites que 17% des demandes des candidats appartenant au premier quartile.
Les ménages à modestes ou faibles ressources ont donc peu de chance d’accéder à la catégorie de logement qui est censée leur être destinée. Ils sont donc contraints de se loger dans du parc privé très dégradé, et à Rueil aussi.
Cette politique de la Ville débouche sur une homogénéisation sociale des populations, génératrice de repli-sur-soi , voire de « ghettoïsation », qui va à l’encontre de la nécessité de rassembler les différentes mixités , facteur reconnu de pacification urbaine.
Pourtant des moyens existent pour remédier à cette situation : entre autres, aider à la rénovation et à l’isolation de l’habitat ancien en échange de loyers accessibles, convertir les bureaux inoccupés en logements sociaux, repérer les logements vacants, remonter à 30% le taux du parc social de l’Arsenal, arbitrairement baissé à 25%.
Les Municipalités ont de plus en plus recours à la DSP, système qui leur permet d’externaliser l’exploitation de services publics tels que cantine scolaire, gestion d’équipements etc. Mais ce moyen de se décharger de la gestion directe n’est pas sans danger. Nombreuses sont les interrogations à ce sujet, en particulier dans notre ville, à propos de la gestion des piscines confiée à la société Vert Marine : risques financiers pour la Ville en cas de défaillance du Délégataire- le contrat comporte des ambiguïtés ; liberté incontrôlée de fixer l’évolution des tarifs ; risque de contrôle insuffisant de la qualité et de la sécurité du service.
La Délégation de service public (DSP) : un dispositif périlleux
La DSP est-elle la panacée qui va remplacer « avantageusement » le système « obsolète » du service public en régie municipale ? On peut en douter, même si elle se justifie dans certains cas.
La mission d’une Municipalité demeure : offrir aux citoyens les Services Publics de qualité auxquels ils ont droit.